L'art de l’estampé et du bouton : un héritage familial unique chez Janvier-Gruson-Prat
L'entreprise Janvier-Gruson-Prat, fondée en 1840, incarne un savoir-faire exceptionnel dans la fabrication d’estampés et de boutons métalliques. Installée à Savigny-le-Temple depuis 1992, cette entreprise familiale a su traverser les époques tout en préservant son héritage artisanal, que nous découvrons avec son directeur depuis 2012, Dominique Gruson.
Une saga familiale s'étalant sur huit générations, l'histoire de Janvier-Gruson-Prat débute dans la rue Pastourelle de la Capitale. L'atelier, composé alors de 5-6 personnes, se trouvait dans la cour de l'hôtel particulier acquis par l'aïeul de Dominique Gruson. Ce dernier partage son héritage avec fierté et passion : "Mon père a passé 75 ans dans l’entreprise puisqu’il a été émancipé pour pouvoir la diriger à l’âge de 16 ans, en 1944, à cette difficile époque où on ne trouvait plus de cuivre. Il a dû surmonter beaucoup d’obstacles".
Un patrimoine historique et un savoir-faire d’exception
Au cours de ces presque deux siècles d’histoire, l’entreprise a connu un âge d’or dans les années 1980-90 où elle employait plus de 100 personnes dans son usine. Le développement de l’activité de la société a été d’autant plus significatif lors des rachats et réunifications de 30 sociétés : "A l’époque il y avait plusieurs sociétés, on a fusionné nos rachats sous le nom Janvier-Gruson-Prat", mais également d’autres sociétés bien connues telles que Trelon Weldon & Weil (T.W.W.), une entreprise de boutons militaires. Un rachat qui fait écho à l’adhésion de l’entreprise à la FACIM, puisque ses principaux clients de longue date, pour les boutons et éléments métalliques portés sur les uniformes et les ceinturons, sont les trois armées (principalement la Marine), mais également la Police Nationale, la Gendarmerie et les pompiers, ainsi que les grandes écoles militaires comme Polytechnique et Saint-Cyr. Dans un autre domaine, on retrouve l’Opéra de Paris, de Berlin et d'Helsinki, Disneyland et des restaurants de luxe. L'entreprise a également contribué à des productions cinématographiques, notamment pour des reconstitutions de l'époque napoléonienne.
Au cœur des bureaux parsemés des peintures de la grand-mère de Dominique Gruson, réside un patrimoine historique important de plus de 120 000 estampés servant comme apprêts pour la bijouterie fantaisie, la mode, la maroquinerie, les accessoires, l’ameublement, luminaire et l'événementiel, dont certaines datent du début de l’entreprise. Il précise qu' “avec le nombre de matrices que nous avons, les clients vont majoritairement choisir parmi celles existantes même si nous avons parfois des demandes de création de nouvelles matrices".
Le savoir-faire exceptionnel de l'entreprise transparaît dans le processus de fabrication des boutons dont elle possède une collection de 2000 pièces. Dominique Gruson nous parle de leur complexe fabrication :
La société Nouvelle
Chez Janvier-Gruson-Prat, comptant aujourd’hui 16 employés à Savigny-le-Temple et 2 dans le showroom rue de Saintonge à Paris, la polyvalence des équipes sur les différents postes de travail est de mise et exige des compétences certifiées. Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), la société s'engage activement dans la transmission des savoir-faire qui est assurée au sein de l’atelier, où, par exemple, les outilleurs et chefs d’atelier partagent leur savoir de père en fils, perpétuant ainsi la tradition. Cependant, Dominique Gruson signale que "pour les outillages, on a du mal à trouver des jeunes, on reprend des personnes qui ont 50 ans pour remplacer des personnes qui partent à la retraite. Il va falloir que nous investissions à terme dans un tour numérique".
L’entreprise ne cesse de s’adapter en intégrant des normes strictes en termes de RSE, produisant notamment des pièces sans plomb ni nickel. La certification ISO 14001 atteste de son effort en matière de gestion environnementale, incluant le recyclage des déchets et la revente pour refonte : « nous réduisons les consommations de gaz (azote et hydrogène) et d’électricité (réduite de 25% ces dernières années), collectons et recyclons systématiquement le cuivre et l’ensemble des déchets qui sont revendus par 500 kg à une entreprise qui valorise et refond en France, et après ça repart en bobine ! », témoigne Dominique Gruson. Une véritable pratique d’écoconception.
La société familiale comptant désormais les enfants de Dominique Gruson, Aurore à la commercialisation et Sébastien au cœur de l’atelier, poursuit sa tradition tout en se diversifiant dans de nouveaux secteurs. Le directeur explique que "l’impulsion donnée par ma fille est de diversifier nos activités, dans l’idée de fabriquer pour le compte de grandes marques de luxe". Ainsi, la fidélisation de ses clients institutionnels et l’ouverture vers les acteurs mode et luxe promettent une continuité passionnante de l'héritage familial, tout en relevant les défis contemporains et assurant la pérennité des savoir-faire d’excellence.
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