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Publié le
31/08/2023

Association Jean-Luc François : la transmission des savoir-faire au cœur de la formation

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Jean-Luc François
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Rencontre avec Jean-Luc François dans son atelier à Pantin. Il nous partage sa passion pour l’artisanat, son engagement pour la transmission des savoir-faire et sa vision de la mode.

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Après avoir été formé par les plus grandes Maisons de Haute Couture et de prêt-à-porter, Jean-Luc François lance sa première marque en 2002. Son expérience personnelle et son parcours professionnel l’amènent en 2010 à s’engager bénévolement dans le soutien des jeunes en situation de rupture scolaire et familiale.  « L’objectif initial était de leur faire découvrir les métiers de la main, aussi bien de la couture que de l’artisanat en général » explique-t-il. Le succès immédiat de cette initiative le conduit à étendre son influence à travers des missions d’accompagnement dans le monde entier.

C'est au cours de ses voyages, qu'en 2012, ses amis du secteur de la mode l’alertent sur les besoins croissants en matière de recrutement en France. De là, commence à naître une réflexion autour de la création de formations des métiers techniques de la mode. L’objectif étant d’identifier de nouveaux profils souvent écartés : « des passionnés de métiers artisanaux, généralement en milieu ou en fin de carrière, n’ayant pas eu accès à une formation reconnue » souligne Jean-Luc François. Cette situation a incité l'association à étendre son champ d'action pour toucher un public éloigné de l’emploi (bénéficiaires du RSA, demandeurs inscrits à Pôle emploi…).

Soutenu par les professionnels du secteur et les pouvoirs publics, l’association propose 3 formations clés aux métiers techniques de la couture :  mécanicien modèle en confection, opérateur de finitions et retoucheur, qui répondent aux besoins exprimés par l'industrie. Puis en 2016, il lance alors le premier incubateur textile habillement accessoires et décoration de la maison en Île de France. Cette initiative subventionnée par la région et destinée aux jeunes créateurs, englobe un accompagnement complet, allant de la gestion d'entreprise au perfectionnement technique durant 6 mois. Elle connaît un franc succès puisqu’à ce jour l’incubateur a accompagné 105 créateurs. Pour aller encore plus loin, l'association a également créé un atelier de production coopératif, situé dans la Somme, visant à produire des petites et moyennes séries et proposant également un espace d’exposition.

Incubateur textile habillement accessoires et décoration de la maison Jean-Luc François

Une nouvelle façon de créer

Jean-Luc François souligne l'importance d'anticiper les évolutions futures du secteur. Il prône la création de collections adaptées à une diversité de goûts, de morphologies et d'âges. « Les marques doivent envisager des collaborations harmonieuses, travailler ensemble au lieu de rivaliser, avec un modèle basé sur la qualité plutôt que sur la quantité ». L'évolution de la mode a imposé une transformation radicale des manières de créer les collections. « À l’époque où je travaillais avec Monsieur Saint Laurent, nous faisions 285 références par défilé, aujourd’hui, en général on en fait 40. Cependant nous créons plus de collections que l’on va travailler différemment, ce qui demande davantage de compétences ». Les nouvelles tendances, la diversification des matières et les méthodes de production innovantes ont modifié en profondeur la conception des produits. Cette transition nécessite une adaptation des ateliers pour être plus réactif et une meilleure écoute entre marques et fabricants pour pérenniser les collaborations. 

Une nouvelle façon de travailler

Le besoin de compréhension des différents maillons de la chaîne de production est devenu essentiel pour le bon fonctionnement d’un atelier, tout comme la communication et les formations courtes pour appréhender chaque métier : « il faut responsabiliser les collaborateurs dans un atelier et cela ne peut pas se faire si tu ne leur parles pas. Il faut prendre le temps de leur expliquer d’où vient la collection, l’ADN de la marque, le grade de qualité… » explique Jean-Luc François.

Pour Jean-Luc François, repenser les méthodes et l’environnement de travail est devenu crucial pour répondre à la demande croissante du Made in France et aux enjeux du secteur. « Je conçois l’atelier du futur comme un laboratoire avec différents plateaux de savoir-faire, une mutualisation des compétences, une organisation agile des ateliers pour pouvoir répondre à des plus petites quantités. Il faut bien-sûr mettre l’innovation au cœur de ces métiers. Le gouvernement a également un rôle à jouer en réduisant les taxes des ateliers, en améliorant les aides à l’embauche et en incitant la commande publique ». 

L'association Jean-Luc François incarne un acteur clé dans la transmission et la réinvention des savoir-faire artisanaux au sein de l'industrie de la mode. Son engagement en faveur de la formation témoigne de son rôle crucial dans la création d'un avenir durable pour la mode française. 

Pour en savoir plus : http://association-jeanlucfrancois.blogspot.com/

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