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Publié le
03/06/2024

Etudiants et entreprises plébiscitent l’AICP

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L’Académie Internationale de Coupe de Paris bénéficie de l’aura des métiers manuels et des besoins accrus de la filière en modélistes, liés à la relocalisation.

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Un véritable alignement des planètes porte l’AICP (Académie Internationale de Coupe de Paris).

“Les besoins des Maisons en termes de recrutement de modélistes vont croissant. Outre beaucoup de départs à la retraite actuellement sans transmission des savoir-faire, nombre d’entreprises ont aussi perdu ces derniers à cause de la délocalisation, et font appel à nous pour y suppléer. Parallèlement, de plus en plus de personnes veulent travailler dans le concret. Il y a une véritable connexion entre les envies des gens et les besoins des entreprises”, explique Christine Walter Bonini, la Présidente de l’école.

Cela tombe bien. Si elle s’est adaptée à l’ère industrielle, l’AICP, fondée en 1830 par une association de tailleurs pour homme, n’a pas perdu son ADN initial. Lequel consiste à former, de façon initiale ou continue, aux métiers techniques de la mode, principalement au métier de modéliste. 

 

Axés sur la technique

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Christine Walter Bonini, Présidente de l'AICP et Jean-Philippe Vauclair, Président d'honneur de l'AICP. Crédit photos :© AICP

“Avec l’Ecole de la Chambre Syndicale de la Couture (IFM), surtout connue dans la femme, notre école était la seule qui formait au sur-mesure, pour sa part pour l’homme. Par la suite, plusieurs écoles de mode sont apparues. Mais le stylisme y a pris le dessus alors que nous sommes restés axés sur la technique”,  explique Jean-Philippe Vauclair, le Président d’honneur de l’AICP. Il a œuvré à la relance de l’établissement, que son père, Paul Vauclair, Président de la Fédération nationale des tailleurs, avait repris en 1968. 

Si au départ, son approche était entièrement dédiée au sur-mesure, l’AICP s’est ouverte ensuite au prêt-à-porter et prépare désormais “à la fois à l’outil de la main et de l’informatique”, explique Christine Walter Bonini. 

Et de souligner : “En France, à part l’Ecole de la Chambre Syndicale de la Couture, il n’existe pas d’autre formation en modélisme à temps plein.  Par ailleurs, nous enseignons les bases des deux grandes méthodes de modélisme, industrielle et moulage du corps (sur mesure), ce qui permet à nos diplômés d’aller travailler aussi bien dans l’industrie que dans des Maisons de Couture”.

Parmi les atouts de l’école, figure sa propre méthode de réalisation des patronages, dite “Vauclair-Darroux”. “Les méthodes classiques pour l’industrie permettent d’habiller six à sept clients sur dix, explique Jean-Philippe Vauclair. Nous avons introduit dans la nôtre, initialement sur mesure, des notions de “mesure industrielle” et l’avons affinée pour permettre de satisfaire ceux qui souhaitent un vêtement plus personnalisé, capable de contenter des morphologies en dehors de conformation “standard””.

Outre des formations continues à la carte (deux jours à une semaine) en entreprise, l’AICP propose, en formation initiale, un cours préparatoire (8 à 11 mois, entrecoupés de périodes de stages en entreprise) et un cursus de modéliste international du vêtement (femme et homme) de niveau 5, à réaliser en un an à temps plein (avec stage final) ou deux ans en alternance. “Constatant un regain d’intérêt pour la mode masculine, nous avons relancé en avril dernier le cursus homme, qui avait beaucoup de succès mais avait été stoppé pendant le Covid”.

 

90% de diplômés

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Crédit photos :© AICP

Lancée en 2022, une nouvelle formation de niveau 6 au modélisme créatif donne, elle, un bagage solide (modélisme avancé, process de collection, marketing, distribution, RSE, etc) aux étudiants désireux de lancer un jour leur propre marque.

Si les 300 étudiants de l’AICP en sortent à 90% diplômés, c’est d’abord lié à un test d’entrée sélectif (ou au passage par la classe préparatoire). “Les études de modélisme demandent de l’attention, un esprit géométrique pour transformer du 3D en 2D et inversement, de bonnes notions de culture et la capacité de transformer des idées en vêtements…”, note Christine Walter Bonini. Elle souligne aussi la maturité des étudiants.  “Ils ont découvert que la mode, ce n’était pas que des paillettes et que c’était le travail de la main, la technique qui les intéressait. Ils veulent du sens à leur travail et voir concrètement leurs réalisations”.

Le profil initial de ces futurs “super modélistes” est très varié. Outre des diplômés de Bac Pro ou BTS, certains ont suivi un premier cursus dans une école de mode plus généraliste. D’autres (environ 20%), ont voulu s’orienter, après un début de formation scientifique (médecine, informatique…) “vers quelque chose de plus concret”.

La preuve, s’il en est que “l’image des métiers manuels change peu à peu grâce aux réseaux sociaux, souligne Christine Walter Bonini. L’AICP, qui communique davantage qu’avant, travaille d’ailleurs beaucoup en ce sens avec un spécialiste”. 

Une fois dans l’école, les étudiants apprécient “beaucoup de précision dans la pratique, la bonne connaissance métier des professeurs, tous diplômés de l’AICP et ayant travaillé dans la profession”. Ils aiment “son côté humain, presque familial”.   

 

Un emploi en six mois

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Crédit photos :© AICP

Les entreprises saluent aussi l’AICP, dont 90% des diplômés trouvent un emploi en six mois !

“Ils rejoignent des Maisons de luxe, façonniers, marques de prêt-à-porter mais aussi parfois des institutions du spectacle comme l’Opéra de Paris ou la Comédie française. Les sociétés d'intérim' recrutent aussi énormément à l’AICP au moment des collections”, explique Christine Walter-Bonini.

 Avec Jean-Philippe Vauclair, la présidente se dit aujourd’hui “super optimiste pour l’avenir alors que la technique, de nouveau très à la mode, revient au galop !”.

Mais la tendance est-elle durable à l’heure de l’intelligence artificielle ?

“A l’heure actuelle, tout le monde parle de l’IA et des changements qu’elle implique, mais est encore dans l'expectative, admet la dirigeante. Nous sommes en contact permanent avec la profession et essayons de suivre les évolutions. Nous sommes déjà dotés d’outils à la pointe (matériel, logiciels…). Il y en aura probablement de nouveaux pour renforcer encore nos métiers, améliorer la coupe, économiser davantage de tissus et ainsi mieux protéger la planète. Cela ira encore plus loin mais selon nous, cela ne remettra pas en cause la main, parce que c’est elle qui fait la tenue d’un vêtement, sa coupe, son volume et son bien-aller”.

Or, les deux dirigeants le soulignent :  “les entreprises ont compris que si elles voulaient se démarquer de la Fast Fashion, il fallait proposer de belles coupes, de beaux volumes, bref, des vêtements de qualité pour des consommateurs de plus en plus exigeants”.  Et ”pour qu’un vêtement ait de l’aplomb, du style et du confort, il faut un modéliste”.

 

Cap sur l’international

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Crédit photos :© AICP

 

Convaincue, la direction de l’AICP prêche la bonne nouvelle en dehors de l’Hexagone. Depuis le milieu des années 70, et le démarrage de la délocalisation, l’école multiplie des formations brèves chez des confectionneurs d’Europe du Sud et de l’Est, puis en Asie.

“Si aujourd’hui 50% de nos étudiants en formation initiale viennent de l’étranger, dont une majorité d’Asie, c’est justement parce que notre école s’est fait connaître de longue date par ce biais” observe Christine Walter-Bonini. 

L’AICP, qui a ouvert en 2019 un campus à Tashkent (Ouzbékistan), en partenariat avec l’université ITILT, aimerait aujourd’hui “se développer encore davantage à l’étranger, via de nouvelles collaborations”. A cette fin, elle expose sur de nombreux Salons à l’international avec Campus France.

“Il faut aussi davantage accompagner les entreprises en France, alors qu’un mouvement de relocalisation est en cours pour certains produits comme on le voit lors du Salon MIF par exemple”, ajoute Jean-Philippe Vauclair.

 

Bien que presque bicentenaire, l’AICP reste collée à l’ère du temps. Dès ses débuts, elle avait lancé un support d’informations techniques pour les professionnels, qui n’a eu de cesse de se transformer. Son avatar, la revue quadrimestrielle M&T2, continue d’être une fenêtre sur l’actualité de la filière. Avec encore une récente évolution : nouvelle rédaction en chef et maquette, nouveau papier… Pour ne pas vieillir, il suffit de rester en mouvement !

 

Pour en savoir plus : https://www.aicp.fr/

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