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Publié le
20/02/2023

La cobotique révolutionne l’industrie mode-habillement

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En délestant les opérateurs de confection de tâches ingrates, le cobot -ou robot collaboratif- valorise leur savoir-faire et augmente leur bien-être.

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Exit le robot, place au cobot ? Dans les pires dystopies, le robot ennemi prend la place de l’humain et s’empare du pouvoir. Avec le cobot, on entre dans une ère de progrès, celle de l’industrie 4.0, où “la machine collabore avec l’homme pour augmenter sa productivité et réduire la pénibilité de ses tâches” dixit le Larousse. Grâce à la cobotique, contraction de robotique et collaboration, l’opérateur se déleste des tâches répétitives, potentiellement nuisibles pour sa santé, au profit de celles à valeur ajoutée. 

Dans les entreprises de confection, la cobotique permet à “un personnel polyvalent et hautement qualifié de déployer son savoir-faire sans subir de pénibilité ou de tâches à faible valeur ajoutée” soulignait fin 2022 Victor Spazzola, chef de projet cobotique à l’IFTH (Institut Français du Textile et de l’Habillement) lors d’une conférence consacrée à Innofabmod. Initié en 2018, cofinancé par l’IFTH, la région Pays de la Loire et l’UE, ce projet dédié à l’industrie du futur dans la confection, comprend un volet dédié aux cobots. Le partenaire de l’IFTH, Europe Technologies, intégrateur de solutions robotisées, spécialiste de l’ergonomie, a imaginé plusieurs solutions du futur, incluant cobots et parfois exosquelettes (squelettes externes compensant les efforts des opérateurs). Ajustées sur le terrain chez trois entreprises pilotes d’Innofabmod, soit Confection fléchoise, Getex et Textile du Maine, celles-ci sont en test de production depuis ce mois de janvier 2023. 

Avant un éventuel déploiement chez d’autres acteurs. “Nous avons besoin d’être en véritable situation de production pour nous rendre compte du retour sur investissement. Et c’est donc seulement en 2023 que nous pourrons voir si l’utilisation de ces cobots est rentable. L’objectif étant aussi de diminuer le taux de TMS* dans la filière” explique Isabelle Guery-Delmon, la sous-directrice habillement de l’IFTH, qui pilote le projet Innofabmod.

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Trois solutions imaginées

Trois tâches intégrant davantage de gestes à faible valeur ajoutée et de risques potentiels de TMS ont été choisies. Soit le repassage, l’empilement-dépilement de tissus et le déplacement de charges lourdes. La première solution, expérimentée chez Textile du Maine, est un système de geste augmenté : un bras zéro gravité allié à un mannequin pilote qui soulage l’opérateur du poids du fer. Il améliore sa posture, avec une bascule facilitée du mode repassage horizontal au mode vertical, qui évite de se baisser. 

Un deuxième cobot a été développé chez Confection Fléchoise pour assumer en atelier les nombreux déplacements de charges lourdes (rouleaux de tissus, paquets volumineux…). Il peut être piloté par une interface intuitive, en mode suiveur, à l’ordre ou autonome. 

Enfin, le poste de préparation des paquets en sortie coupe a, lui, donné naissance au prototype d’un cobot d’empilement-dépilement, capable de se saisir et de déposer des pièces coupées de différentes qualités de matières ou de différents formats. Il est en cours de paramétrage chez Europe Technologies, en collaboration avec Getex, un façonnier spécialisé en outerwear et vêtements administratifs et militaires, notamment NRBC**. Pour l’IFTH qui a piloté ce projet et co-développé le système de préhension, «la grande difficulté de l’exercice a été de travailler une pince qui puisse s'adapter à toutes sortes de tissus”, souligne Sophie Pineau, la dirigeante de Getex, interviewée pour l’occasion. La solution imaginée a permis le dépôt d'un Brevet. Une fois finalisé, le cobot sera intégré pour y être testé chez Getex en 2023. “Nous pourrons alors évaluer les réductions en matière de TMS** et les gains en termes de confort et de temps”. 

Certes, de tels investissements ont un coût : de 10.000 à 100.000 euros pour un cobot selon Europe Technologies. Mais des aides partielles peuvent être obtenues dans le cadre de l’emploi des personnes handicapées ou de la prévention des TMS. Un coup de pouce qui peut être décisif pour adopter ces nouvelles solutions innovantes et améliorer le bien-être au travail.

 

* TMS : troubles musculo-squelettiques

**NRBC : Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique

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