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La nouvelle ère du prototypage virtuel

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Moins coûteuse en temps en argent et en déplacements, la conception 3D marque des points dans la filière mode-habillement française.

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La Mode 3D séduit la France. L’ouverture en novembre dernier d’un bureau à Paris (troisième en Europe) par le coréen Clo Virtual Fashion, le leader de la simulation de vêtements 3D, en témoigne. “Une réaction naturelle à la croissance rapide de notre base d'utilisateurs en France” assure Simon Kim, le PDG.

Cet engouement s’explique car la virtualisation 3D révolutionne la conception des collections : gain de temps et d’argent, moindres déchets textiles, collaboration créateurs-fabricants renforcée, meilleure traçabilité.

Dans les années 2000, des éditeurs appliquent, au patronage de vêtements, la conception 3D, technologie initiée vingt ans plus tôt pour les jeux vidéo. L’idée : remplacer le processus traditionnel de développement produit entre donneurs d’ordres et façonniers (en moyenne trois allers-retours à partir du dessin du styliste pour effectuer les modifications nécessaires jusqu’à validation finale du prototype). Dans la nouvelle ère, les esquisses sont développées en 3D, des moulages virtuels réalisés sur des avatars en construisant le patronage en simultané.

Incontournable

Pour le créateur Steven Passaro, la 3D est incontournable. Il l’utilise dès la conception de ses collections de prêt-à-porter luxe pour l’homme. Avec succès : sa marque éponyme créée fin 2019 a intégré le calendrier officiel de la Fashion Week de Paris dès janvier 2022. Steven Passaro conseille aujourd’hui les marques voulant intégrer cette technique de modélisation 3D. Il vante un procédé plus écologique (réduction de matières et d’envois), plus économique (le logiciel étant “abordable”) et une bien meilleure réactivité. “Un prototype de veste tailleur réalisé à la main prend environ deux, trois jours à confectionner contre un jour sur Clo, souligne-t-il. Quand davantage de façonniers utiliseront la 3D, ce sera plus simple pour nous car ils pourront voir directement comment le modèle est monté”.

Côté éditeurs, Clo compte une poignée de concurrents comme Lectra, Optitex ou l’américain Browzwear, qui propose une solution logicielle 3D dédiée au style et décline désormais des applications pour le patronage.

Formations

La start-up technologique parisienne Krobady, créée en 2016 par Benjamin Quintero, s’appuie, elle, sur des logiciels 3D dédiés aux jeux vidéo et sur Clo, pour créer des modèles virtuels les plus réalistes possible. Il annonce pour la fin 2023 sa propre solution logicielle. Avec une obsession : des avatars attrayants. “Mes concurrents ciblent d’abord les modélistes. Nous voulons convaincre les stylistes, in fine les décisionnaires, avec des avatars hyperréalistes et esthétiques, plus humains, avec une belle pose, une coiffure, des accessoires, etc”.

Krobady déploie aussi des formations, comme en témoigne le partenariat noué en 2022 avec l’APHO (Association pour la Promotion de l’Habillement de l’Ouest) dans le cadre du programme lancé par le GFF (Groupement de la Fabrication Française), pour présenter les solutions de virtualisation à plusieurs groupes de façonniers (des ateliers de perfectionnement suivront en 2023). Parmi les premiers initiés, le bureau d’études Lecarpentier mixe désormais la 3D avec son approche traditionnelle 2D. Son Pdg Laurent Drouard voit dans la 3D un “outil complémentaire d’aide à la décision et de gain de temps en amont : au lieu de réaliser les patronages en 2D puis de monter une toile physique, envoyée à nos clients pour validation, nous générons avec la 3D cette première toile sur ordinateur, d’où une validation rapide des donneurs d’ordre. Une phase qui ne demande plus qu’un à deux jours au lieu de trois à cinq avant. » Cela peut aussi être un outil d’aide aux commerciaux, pour montrer rapidement des modèles finis, dans le cadre d’un lancement de capsules par exemple.

Côté formation, le LAB by IFTH, la plateforme technique de services ouverte fin 2021 à Paris au sein de la Caserne, initie aussi stylistes, modélistes et créateurs d’entreprises à la conception 3D, grâce à ses outils de virtualisation. 

Mais l’horizon du 3D dans la mode est loin de se limiter au patronage. Il facilite la réalisation de défilés et présentations virtuels et permet de disposer d’avatars prêts à l’emploi notamment pour un site de e.commerce. Mais aussi pour la grande aventure du Metavers…

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