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LE LAB by IFTH œuvre pour une fabrication mode éco-responsable et innovante

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LE LAB by IFTH
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La dernière plateforme technique de l’IFTH, basée à Paris, est équipée d’une palette complète d’équipements et logiciels pour accompagner les acteurs de la mode vers des processus de production innovants et durables.

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C’est la dernière plateforme technique de l’IFTH (Institut Français du Textile et de l’Habillement), qui a vu le jour à Paris en février 2022.

Comme la grande structure qui l’a initiée, LE LAB by IFTH présente une offre technique et servicielle unique, en l’occurrence destinée “aux professionnels de la mode souhaitant s’appuyer sur une fabrication éco-responsable et innovante » explique son site Internet.

Organisme majeur de la filière textile-habillement française, “l’IFTH est un centre d’expertise avec une palette de compétences uniques en matière de textile, physique et chimie, rappelle Clarisse Reille, sa directrice générale. Il dispose de connaissances sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de la fibre à la confection en passant par le fil, le tissage, tricotage, toutes les techniques d’ennoblissement, d’assemblage, de prototypage et post usages”.

Employant 145 personnes dont 110 ingénieurs et techniciens, dans ses centres régionaux et plateformes, il a quatre piliers d’action : Tests et Essais, Certification et Expertise (délivrance du marquage CE dans le domaine des équipements de protection individuelle, représentation française du label OEKO-TEX®…), R&D (développement de nouvelles fibres de haute technicité et de matières avec des fonctionnalités particulières pour de nombreux débouchés industriels, éco-conception, recyclage…) et enfin, la Formation.

L’IFTH travaille ainsi à la fois pour l’habillement et les textiles techniques appliqués à des secteurs industriels comme le BTP, l’aéronautique, l’agriculture, l’automobile, etc.

 

LE LAB by IFTH : une plateforme unique en France

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François Pezeril La caserne le lab by ifth

C’est dans le cadre de sa riche palette de missions que l’IFTH a développé LE LAB. 

“Je ne connais pas d’équivalent en France au LAB by IFTH, souligne Clarisse Reille. Il dispose de toute une série de machines et de logiciels (notamment de CAO 3D), permettant de montrer comment être plus efficace en matière de production et donc plus rapide entre la création du dessin et le lancement de la production. C’est la clé afin d’être plus réactif par rapport à ce qui se passe sur le marché”.

“Ce lieu a été pensé en se focalisant sur le processus de développement produits, côté donneurs d’ordre. Nous avons installé une bonne trentaine de machines, équipements et progiciels pour être capable de penser un produit de A à Z sans sortir de notre espace de  90m²” précise François Pezeril, ingénieur textile formé à l’Ensait, co-animateur de la plateforme avec Hafida Boulahoite qui apporte quant à elle son bagage de modéliste-prototypiste.

François Pezeril insiste, lui aussi, sur la spécificité du LAB by IFTH. “En France, des bureaux d’études peuvent digitaliser la coupe pour la confection, des bureaux d’études 3D commencent à émerger. Mais ici, nous avons la totalité du processus de développement produit. Quand nous accueillons une marque ou un porteur de projet, nous pouvons à partir de leur cahier des charges réaliser une tête de série et un dossier industriel détaillé pour leur permettre de travailler de la meilleure des façons”. Par “meilleure des façons”, il faut entendre l’usage d’un vocabulaire et d’éléments techniques facilitant les échanges avec les façonniers.

 

Eco-conception et transition numérique

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Crédit photos : ©IFTH

L’autre vertu du LAB by IFTH est d’être dans une approche éco-responsable. Né au sein de la Caserne parisienne, plus grand accélérateur de transition écologique dédié à la filière Mode et Luxe en Europe, LE LAB by IFTH a ainsi “deux grandes missions” : favoriser “l’éco-conception” et “la transition numérique des marques”, explique François Pezeril.

Plus concrètement, LE LAB by IFTH est organisé en “trois espaces ateliers pour concevoir, prototyper et évaluer les collections” explique son site Internet.

Les utilisateurs peuvent louer les équipements à l’heure après s’être inscrits sur la plate-forme dédiée en ligne, travailler en solo ou être accompagnés par les co-animateurs du lieu et  bénéficier de formations in situ. “Nous pouvons aussi réaliser le prototypage à la place du porteur de projet, à condition de travailler sur une matière souple (tissu, tricot, cuir, etc.)”, indique François Pezeril.

Il liste “trois grandes étapes” pour les expérimentations effectuées au sein du LAB by IFTH : la validation des matières, la réalisation du prototypage digital (ou « jumeau numérique » du modèle) et enfin, le passage du virtuel au prototype physique également testé.

Pour la première étape, LE LAB by IFTH dispose de machines permettant de faire les tests usuels physiques, par exemple la résistance à l’abrasion pour les tissus ou au boulochage pour les matières tricotées. Un dynamomètre permet aussi de faire des essais d’extension, traction ou compression des matières. La résistance des coutures peut également être évaluée, afin de faire une analyse comparative des différentes méthodes d’assemblage du produit et de sélectionner les meilleures.

Après cette première étape, d’ordre “mécanique”, la particularité du LAB by IFTH est d’avoir “créé toute une chaîne numérique avec différentes solutions digitales  pour que le prototype virtuel soit le plus optimisé possible”, souligne François Pezeril qui évoque “des possibilités de personnalisation de la virtualisation uniques en France. Le passage de la 2D à la 3D permet de gagner énormément de temps et d’économiser de la matière. Nous allons faire ce travail d’assemblage virtuel sur un avatar grâce à un progiciel comme Clo 3D par exemple”. Le LAB dispose d’au moins 4 solutions progicielles de CAO 3D.

 

Virtualisation 3D : au plus proche du réel

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Crédit photos : ©IFTH

Tout commence en effet par la réalisation d’un avatar 3D. LE LAB by IFTH est équipé pour personnaliser les avatars afin de s’approcher au maximum des mensurations des cibles de la marque. Pour ce faire, “nous faisons venir deux, trois mannequins. Notre Nettelo-Scan corporel 3D installé sur tablette permet de faire leurs body scanet d’obtenir leurs mensurations corporelles rapidement pour réaliser un bon avatar”, explique François Pezeril.

Il s’agit ensuite de scanner les matières : “nous disposons de l’outil pour créer la matière digitale, un scanner de haute performance, car un voile de coton n’a pas le même tombé qu’un tissu denim. Quand nous lançons la numérisation, un processus lumineux, sophistiqué frappe la matière sous différents angles. La caméra est fixe mais le logiciel de production du scanner traite les data images pour rendre réaliste le rendu de la matière”, explique François Pezeril.

“Avec ce scan sophistiqué, on peut reconstituer le comportement, par exemple, du tissu quand on marche ou quand il y a du vent”, s’enthousiasme Clarisse Reille. Et ceci grâce à la caractérisation, c’est-à-dire la mesure poussée des propriétés physiques et mécaniques des matières (poids au m², épaisseur, tension qui parcourt la matière dans différents sens…) grâce aux équipements de tests physiques précédemment évoqués (dynamomètre, abrasimètre, etc)  “On aboutit à des tableaux de mesures que l’on saisit dans l’outil de CAO 3D. Cela permet d’associer les data physiques avec les data images et de produire un jumeau digital très réaliste” explique François Pezeril.

Une vraie différence par rapport à la démarche de “bureaux d’études, utilisant en général les bibliothèques de matières existantes, et des logiciels ayant des avatars par défaut, ce qui entraîne parfois des déceptions” souligne François Pezeril. “On peut ensuite créer des variantes coloristiques, grâce à un module de coloration. Cette démarche d’éco-conception à l’écran élimine presque totalement les échantillons physiques”.

Une fois les éléments de patronage virtuel validés, on passe donc du virtuel au physique, soit la troisième étape, grâce aux logiciels industriels de placement de coupe (Lectra, Vetigraph…). Sur les tables de coupe automatique associées, les différents éléments de patronage sont disposés de façon à optimiser la consommation de mètres linéaires. Soit un taux de déchet minimal conforme à une démarche d’éco-conception.

Les machines de confection (machine à coudre) permettent alors de créer de premiers prototypes physiques, susceptibles d’être, enfin, ennoblis (via des machines d’impression, broderie, gravure ou délavage laser, …).

 

De multiples collaborations

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Ce riche espace de créativité et d’expérimentation qu’est LE LAB by IFTH a séduit la filière : 70 marques de mode et accessoires y sont dorénavant des clients réguliers.

“Notre première année, il a fallu se faire connaître via les salons, comme Première Vision, les réseaux sociaux etbien évidemment l’équipe commerciale  de l’IFTH. Le bouche-à-oreille a aussi beaucoup fonctionné”, indique François Pezeril. “De grandes marques viennent aujourd’hui comme prescripteurs de la filière, pour donner des conseils à leurs sous-traitants, et créer de nouveaux réflexes, de nouvelles bonnes pratiques. Des créateurs de mode louent les équipements à l’heure, à la demi-journée, pour mettre au point leurs prototypes. Et beaucoup d'écoles viennent avec leurs étudiants pour comprendre la confection actuelle”, précise Clarisse Reille.

La formation professionnelle, et donc pas seulement initiale, est d’ailleurs un enjeu central pour LE LAB by IFTH .  “A l’exception des maisons de luxe, beaucoup de marques ont perdu toute notion technique industrielle. Or, il n’est pas possible de s’attaquer à la mode durable si l’on ne maîtrise pas la connaissance sur les matières et la confection”, affirme Clarisse Reille.

Des lacunes que LE LAB by IFTH contribue à combler. “Des entreprises nous envoient par exemple en formation leurs équipes (chefs de produits, équipes créatives…) afin de leur donner les moyens d’échanger avec les sous-traitants”, explique François Pezeril.

De plus petites Maisons profitent aussi des ressources du LAB by IFTH. 

C’est le cas du jeune créateur Alphonse Maitrepierre, lauréat en 2021 du prix Talent Emergent des Grands Prix de la Création de la ville de Paris. En collaboration avec LE LAB a été mis en oeuvre le processus de prototypage associé à son modèle “Freya”, une robe très créative mais difficile à réaliser, signée de sa marque Maitrepierre. “Cette robe assez complexe comprenait trois couches de matières aux comportements différents, explique François Pezeril. Il s’agissait de les découper au laser, pour faire des motifs floraux afin d’avoir un rendu organique vivant. Le défi était de visualiser le modèle sur un avatar 3D pour voir son comportement. Alphonse est venu plusieurs fois pour initier ce modèle. Il nous l’a expliqué et nous avons récupéré les matières sourcées dans les stocks dormants de Nona Source pour créer le prototype virtuel puis physique”. Mission accomplie :  la robe et son jumeau numérique ont été   présentés ensemble lors du Salon Première Vision de juillet 2024.

Autre partenariat réussi, celui noué avec la jeune marque de maroquinerie Domestique. Bastien Beny, cofondateur de la marque avec Simon Delacour, est venu voir LE LAB by IFTH avec l’idée créative de s’inspirer d’éléments du quotidien pour les transformer en articles de maroquinerie. “La marque travaille de façon artisanale avec des cuirs français. La volonté des créateurs était de faire un produit à un budget raisonnable et de gagner du temps avec les nouvelles technologies, afin de ne pas tout devoir faire à la main”, explique François Pezeril. Plusieurs mois ont été consacrés à la formation et au support technique. “Nous avons accompagné la marque dans les expérimentations et la digitalisation du patronage, du montage et de la gravure au laser. Et nous sommes passés de la proposition artistique à la réalisation des prototypes de deux sacs, l’un inspiré des cagettes de fruits et légumes et l’autre, des paniers de courses”. Banco : Domestique a gagné en septembre 2023, le Grand Prix de la Création de la ville de Paris catégorie accessoires grâce à cette nouvelle collection, baptisée “le marché nouveau”.

Les success story du LAB by IFTH et son positionnement donnent des idées à François Pezeril. “Nous sommes confrontés à beaucoup de demandes nées des changements réglementaires actuels comme la loi Agec. Comme nous sommes en amont de la démarche d’éco-conception et du développement produit, l’idée serait de transformer LE LAB en démonstrateur de cas, dans le cadre d’un vrai projet d’ordre collectif. L’objectif serait de faire des preuves de concept pour démontrer l’efficacité de la démarche et chiffrer les gains environnementaux réalisés”.

Et de préciser “nous pourrions travailler encore plus en synergie avec des experts de l’IFTH”. Une plateforme multiplicatrice de l’expertise de sa Maison-mère,  une dynamique vertueuse au service de la création et confection françaises !

 

Pour en savoir plus : https://lelab.ifth.org/

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