Refashion continue sa mobilisation pour l’économie circulaire
Encadré par son nouveau cahier des charges 2023-2028, l’éco-organisme poursuit sa mission de prévention et gestion des déchets dans la filière TLC avec de nouveaux dispositifs.
Revenons en 2008, l’éco-organisme Refashion est mis en place par la filière TLC (textiles, linge de maison et chaussures) et agréé par les pouvoirs publics (ministères de l'Écologie et de l'Économie), dans le cadre de la responsabilité élargie des producteurs (REP).
“C’est une démarche unique propre à la France pour faire prendre conscience aux metteurs en marché des conséquences de leur production, qui deviendra demain des déchets avec un impact écologique “ rappelle Hélène Daret, la directrice pôle des marques de Refashion.
Sa vocation ? Développer la filière de gestion des déchets textiles (collecte, tri et recyclage), mais aussi agir en amont, via l’écoconception et l’allongement de la durée d’usage des produits. Refashion accompagne ses quelques 10.000 adhérents TLC vers l’économie circulaire, via des outils, de la pédagogie, des ateliers, des appels à projets… Tout en déployant des actions de communication et de sensibilisation auprès des consommateurs.
Un nouvel agrément pour 2023-2028
L’agrément de Refashion a été renouvelé fin 2022 pour la période 2023-2028. Un nouveau cahier des charges a ainsi redéfini ses objectifs et missions, en partie redessinés par la loi Agec (Anti Gaspillage pour une Économie Circulaire), votée en 2020.
Pour les atteindre, Refashion dispose d’un budget alimenté à 100% par les éco-contributions acquittées par les metteurs en marché (marques, importateurs et distributeurs…). “Tous les produits neufs mis en marché doivent s’acquitter d’éco-contributions dont le montant est fixé tous les ans, en moyenne un peu moins de 4 centimes par article pour 2024, explique Hélène Daret. Notre budget devrait ainsi atteindre 1,2 milliard d’euros pour les six ans à venir. Il sera au service de la filière pour la faire évoluer vers une réduction de son impact environnemental”.
Toujours animé par la même mission de prévention et gestion des déchets, Refashion propose ainsi de nouveaux leviers d’action, visant des objectifs ambitieux en 2023-2028.
Le premier enjeu concerne l’éco-conception. Outre, toujours, le libre accès à Eco-design, la plateforme dédiée à cette approche durable , “il s’agit désormais de récompenser l’éco-conception par un nouveau dispositif d’éco-modulations particulièrement attractif sur le plan financier, décrit Hélène Daret. Un certain nombre de centimes d’euros seront reversés aux contributeurs selon le respect du cahier des charges établi par les pouvoirs publics, tenant compte de trois grands axes, la durabilité, la certification par un label environnemental et l’incorporation de matières recyclées dans le produit. Par exemple : un tee-shirt payant une éco-contribution de 2 centimes pourra toucher jusqu’à un euro de bonus.” Dans la même logique de pousser la filière vers une constante amélioration de son impact environnemental, Refashion travaille à la mise en place de malus et de pénalités pour les produits les moins vertueux.
Le deuxième enjeu est axé sur la consommation. “Il vise à faire durer le produit le plus longtemps possible, notamment grâce au nouveau fonds réparation, lancé le 7 novembre 2023. Ce dernier récompense par une remise (le bonus réparation textile et chaussure) le consommateur faisant réparer un article TLC chez un réparateur agréé”. Fin mars, 250 000 réparations accompagnées d’un bonus avaient été effectuées dans les 1040 boutiques partenaires, soit 2,3 millions d’économies pour les Français. L’ambition du bonus est d’atteindre 21,6 millions de pièces textile et chaussure réparées en France contre 16 millions en 2019. Parallèlement à ce nouveau dispositif, Refashion continue de sensibiliser le consommateur. Outre le libre accès à son site Refashion Citoyen, l’organisme multiplie les actions de partenariat et diffuse des formats courts ludiques, relayés par les réseaux sociaux et Youtube, incitant le grand public à trier, faire réparer ou upcycler ses vêtements.
Objectif : 60% de vêtements usagés collectés
Le troisième enjeu porte sur la collecte des articles usagés. Aujourd’hui, 30% des produits mis en marché sont collectés via l’un des plus de 47 000 points de collecte existant en France. “Nous visons 60% en 2028. Il va falloir doubler les capacités de collecte à la fois en aidant les acteurs historiques et en développant de nouveaux canaux pour inciter les consommateurs à y déposer les vêtements et chaussures qu’ils ne portent plus” annonce Hélène Daret, consciente du défi que représente “ce nouvel enjeu d’autant plus fort qu’on voit arriver une masse impressionnante et croissante de vêtements mis en marché”.
Les produits collectés font ensuite l’objet d’un tri. Aujourd’hui, six sur dix sont réutilisés, trois sur dix sont recyclés (sous forme de fibres, fils, tissus effilochés ou broyés) et le solde (un sur dix) devient des combustibles solides de récupération (à la place d’énergies fossiles) pour le chauffage urbain, une infime partie étant éliminée sans valorisation.
Ce mixte s’avère plutôt vertueux. “Si on compare avec les différentes filières existantes, le secteur textile a un taux de réutilisation élevé et le plus bas taux d’élimination sans revalorisation, souligne Hélène Daret. Notre effort va consister à maintenir ces proportions en récupérant aussi des produits pas forcément réutilisables. Un dispositif impulsé par la loi AGEC va nous y aider : le fonds réemploi, en cours d’expérimentation par Refashion”. Et de donner l’exemple d’une chemise ayant perdu un bouton, qui sera orientée vers des acteurs de l’économie sociale et solidaire ou autres professionnels capables de la réparer pour une seconde vie. Alors qu’aujourd’hui, moins de 10% des articles jugés aptes à la réutilisation sont revendus en France (le reste étant exporté), ce taux devrait progresser. Le nouveau cahier de charges vise en effet un taux de réutilisation et réemploi à moins de 1 500 km du lieu de collecte des TLC usagés de 15% en 2027.
Déchets textiles : richesse de demain
Depuis ses débuts, le rôle de Refashion est aussi “d’apporter divers moyens financiers et humains pour aider l’essor de l’industrie du recyclage en France et Europe” et d’accélérer la R&D dans ce domaine, notamment via des appels à projets comme le Challenge innovation. L’organisme met aussi toujours à disposition des professionnels Recycle, sa plateforme pour les matières recyclées.
“Notre défi consiste à faire comprendre que les déchets textiles sont une matière première qui sera une vraie richesse demain. On cherchera ainsi à réduire l’impact environnemental de la filière. Et dans ce domaine du recyclage, il faut une filière industrielle forte…” explique Hélène Daret. Un taux de recyclage de 80% des TLC usagés non réutilisés est visé en 2027 (contre 70% en 2024).
La réalisation du cahier des charges 2023-2028 ne sera pas un long fleuve tranquille, admet Hélène Daret. Le grand défi sera “d’augmenter la collecte de façon très importante et redimensionner le recyclage de façon industrielle, afin que toute la filière soit à terme circulaire. Chaque maillon va devoir être au maximum de sa maturité et de son efficacité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La filière va devoir se transformer et ce n’est pas simple dans le contexte économique actuel. Pourtant, sa survie passe par là…”.
Pour sa part, Refashion, assure Hélène Daret, va “systématiquement favoriser les produits dont l’impact environnemental est le plus réduit”. Elle salue ainsi la mise en place "de l’affichage environnemental avec une visée pédagogique vis-à-vis du consommateur et des metteurs en marché”. “La filière française doit s’emparer de ce sujet car il lui permettra de prouver son faible impact”, conclut-elle.
Pour en savoir plus : https://refashion.fr/fr