Stop au francolavage !
Animée par des bénévoles, la Fédération Indépendante pour le Made in France (FIMIF) lutte contre l’utilisation, par des marques ou distributeurs, d’inscriptions de nature à faire croire à tort au consommateur que leurs produits sont fabriqués dans l’Hexagone.
Selon un sondage réalisé fin 2020 par Ipsos pour la FIMIF, l'origine du produit est le troisième critère lors des achats de 53% des Français, derrière la qualité (88%) et le prix (81%). Si l’étude n’a pas été renouvelée, "la tendance reste la même, avec une légère hausse, selon différentes remontées” assure Amandine Hesse, la Présidente de la FIMIF.
Dans le cadre où plus de 95% des français pensent que l'indication d'origine devrait être obligatoire, le francolavage est d’autant plus dommageable. Cette technique de communication et marketing “vise à faire croire au consommateur, par le biais de mentions, allégations, logos et/ou de visuels, qu’un produit est fabriqué en France alors qu’il ne l’est pas” explique le site de la FIMIF.
Cette association de 400 bénévoles, dont la vocation est de lutter contre ce phénomène, en a mesuré l’ampleur. Selon ses calculs, le francolavage représente un manque à gagner d'environ 4,5 milliards d’euros par an pour l'industrie nationale, ce qui permettrait de créer 50 000 emplois sur le territoire (toutes catégories confondues).
Les instruments du francolavage
Concrètement, parmi les différents marquages extérieurs (utilisation de la Tour Eiffel, des tons bleu-blanc-rouge…) susceptibles de faire croire à une fabrication hexagonale, Dunni Beaudoin, bénévole à la FIMIF, note que le “drapeau français est le plus utilisé”. Mais aussi qu’ “on a de plus en plus affaire à l’indication "Maison française", à des allégations comme "conditionné" ou "créé en France", ou, chez les distributeurs, "boutique française"”.
Cependant, elle souligne qu’ “il y a des cas de francolavages innocents et d’autres intentionnels”. Et que parfois, “le consommateur peut se tromper s'il ne comprend pas toutes les indications des entreprises. Il faut donc que ces dernières soient transparentes et fassent attention à la façon dont elles communiquent”.
La FIMIF a ainsi défini une échelle de gravité, avec trois niveaux. Dans le cas de méprise, “les informations d’origine indiquées sur le produit sont correctes mais mal comprises ou interprétées par les consommateurs”. Dans le francolavage, "l’apposition d’une mention, allégation ou d’un visuel est trompeuse” et conduit “à penser que le produit concerné est fabriqué en France alors qu’il ne l’est pas. Souvent, la véritable origine est cachée au dos ou à l’intérieur du produit".
Tromperie intentionnelle… ou non ?
Enfin, avec la tromperie, “non intentionnelle - ignorance ou méconnaissance de la part de l’entreprise ou du distributeur - ou complètement intentionnelle”, il y a “infraction manifeste à la réglementation sur le marquage d’origine, c'est-à-dire l’apposition de la mention “Made in France” ou “Fabriqué en France” sur un produit fabriqué ailleurs”.
Quoi qu’il en soit, la FIMIF incite le consommateur à devenir “consomm’acteur” en remplissant un formulaire de signalement sur son site quand il croit déceler un cas de francolavage. En cas de méprise du consommateur, la FIMIF fait un retour au “lanceur d’alerte” pour lever ses incompréhensions et solde le dossier.
Mais si le francolavage est confirmé, “le plus important pour nous est de faire en sorte que la marque ou le distributeur corrige son erreur", explique Dunny Beaudoin. "Nous la (le) contactons pour lui proposer de remanier les indications, ce qu’elle (il) fait le plus souvent”. Mais en cas de refus, ce francolavage assumé s’apparente à une tromperie avérée et le dossier est transmis à la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) et à la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects (DGDDI). Ces dernières peuvent alors infliger des sanctions aux contrevenants.
La FIMIF remonte plus de 70 cas qualifiés (francolavage assumé ou tromperie) par an à la DGCCRF et aux douanes, la catégorie textile étant particulièrement touchée. Plus de 300 remontées de cas ont ainsi été effectuées depuis le lancement de la collecte en 2019.
Dernière transformation ou ouvraison “substantielle”
L'association se positionne aussi sur le terrain de la pédagogie. “L’indication d’origine n’est pas obligatoire sur les produits. Mais si les marques y font allusion, elles doivent respecter les règles dites d’origine non préférentielle, imposées par l’article 60 du code des douanes de l’Union européenne : la dernière transformation ou ouvraison substantielle du produit doit être réalisée en France. Or, la dernière ouvraison est souvent mal comprise. Elle doit être substantielle : "une simple broderie, l’ajout de boutons ne suffisent pas”, rappelle Dunni Beaudoin.
Pour qu’une entreprise “soit sûre de son droit d’utiliser le marquage Made in France et de ne pas se mettre dans une situation de francolavage de nature à lui faire perdre la confiance du consommateur”, la FIMIF recommande de demander “un formulaire IMF (Information sur le Made in France), gratuit” au Service de l’Origine et du Made in France (SOMIF).
Pour distinguer ses produits de la concurrence importée, une entreprise peut aussi souscrire à des labels payants comme Origine France Garantie et France Terre Textile, qui garantissent un minimum (50% ou 75% selon les labels) de fabrication française moyennant le respect d’un cahier des charges précis. Ceux-ci sont de nature à rassurer le consommateur : selon le sondage Ipsos/FIMIF, un label influence 86% des français (dont 30% tout à fait) au moment de leurs achats.
Ainsi, l'information et la transparence auprès du consommateur sur l'origine des produits sont des fondamentaux pour le développement du Made in France et de ce fait, de la valorisation des savoir-faire français.
Pour en savoir plus sur les labels, découvrez notre article dédié.
Pour accéder à l'étude sur le marquage d'origine et le francolavage menée par Ipsos pour le compte de la FIMIF, rendez-vous ici.