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Publié le
10/07/2023

Traçabilité : un groupe de travail teste les meilleures solutions pour l’Habillement.

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Pilote traçabilité
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Début 2023, s’achevaient les expérimentations d’un pilote traçabilité dans la filière habillement. Retours d’expérience et principaux enseignements.

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Quelle solution de traçabilité adopter pour satisfaire les obligations de la loi AGEC ? Rappelons-le : le calendrier d’application du texte, obligeant progressivement les acteurs de la mode à délivrer certaines informations au consommateur, a démarré début 2023.

Pour y sensibiliser les entreprises et aider à lever les blocages, le CSF (Comité Stratégique de Filière Mode & Luxe) a impulsé en 2021 quatre pilotes de traçabilité sectoriels (Chaussure, Habillement, Lin et Textile), expérimentant des solutions répondant à leurs besoins. 

Début 2023, a été finalisé celui dédié à l’Habillement. Réalisé grâce au soutien du DEFI, plateforme de financement et de développement de la mode française et de l’ADEME (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), il a été piloté par la société Cose361 et porté par le DEFI en collaboration avec les fédérations du secteur (Alliance du Commerce, Fédération de la Haute Couture et de la Mode, Promincor Lingerie Française et Union Française des Industries Mode & Habillement).

Un benchmarking a d’abord permis de noter et retenir 4 solutions de traçabilité", explique Elise Desrues, adjointe à la direction générale du DEFI.  Elles ont ensuite été auditionnées par 13 entreprises volontaires, aux profils divers (prêt-à-porter, lingerie, créateurs, fabricants, enseignes...)" .Or, elles ont été jugées "trop chères" et "pas assez matures ou spécialisées mode" . " Le marché avait déjà beaucoup évolué et les entreprises avaient des attentes plus précises".

Quatre nouvelles solutions ont alors été auditionnées, dont deux - Fairly Made et Retraced- ont été retenues.

Pilote traçabilité matières premières

Expérimentation

De juin à septembre 2022, les entreprises les ont expérimentées pour cinq produits, en impliquant leurs fournisseurs. Ceux-ci ont été invités à rentrer les données nécessaires pour répondre aux différentes obligations de la loi AGEC (origine géographique, présence de matière recyclée, présence de microfibres plastiques, mention du pays où s’effectuent principalement tissage/tricotage, ennoblissement et confection).

Les résultats obtenus sont inégaux. 

Pour l’origine géographique, il s’agissait de remonter jusqu’à la filature. Un peu plus de la moitié des commandes ont été tracées jusqu’à cette étape. 5% l’ont été jusqu’à la fibre ” indique Elise Desrues (DEFI). Avec un enseignement contre-intuitif : l’origine géographique relative à la fibre et à la filature est plus facile à identifier pour les vêtements importés de loin que pour ceux fabriqués à proximité (zone Euromed).

Concernant l’obligation d’indication du pays principal pour les étapes tissage-tricotage, teinture-impression, confection, un taux de 75% a en revanche été atteint.

Mieux encore, 95% ont pu indiquer la présence (ou non) de matières synthétiques susceptibles de rejeter des microfibres plastiques. Et 100%  collecter l’information relative à l’utilisation de matières recyclées.

Cependant, seulement 14% ont pu récupérer des informations sur d’éventuelles substances dangereuses. 

De façon plus générale, le pilote permet de réaliser “qu’il n’y avait pas de solution parfaite !” souligne Elise Desrues (DEFI)

Pilote traçabilité

Blocages Détectés 

Plusieurs freins sont aussi identifiés.

Tracer 100% des informations était impossible, notamment en raison de blocages des fournisseurs, sur-sollicités et n’ayant pas le temps de répondre à des demandes d’informations trop hétérogènes. Leur tâche serait facilitée si on standardisait données et définitions, dans un format interopérable” observe Elise Desrues (DEFI).

Autre point de blocage : la confidentialité, qu’aucune solution ne permet de piloter. Exemple : pour l’origine géographique, certains fournisseurs préféreraient ne pas donner les noms de leurs sous-traitants.

Dernier frein : l’organisation des entreprises. “Nous leur conseillons de s’y atteler vite après avoir défini leur périmètre de traçabilité.  Elles doivent favoriser les fournisseurs ayant des labels, les contacter le plus tôt possible et instaurer une relation de partenariat, expliquer aux fournisseurs étrangers le contexte réglementaire, vérifier leur niveau de sensibilité à la confidentialité, certains ayant signé des accords de non-divulgation (NDA)”. 

De façon “totalement libre” et “pour anticiper le futur”, les rapporteurs du pilote ont “aussi proposé aux entreprises de récolter plus d’informations susceptibles de figurer dans l'affichage environnemental, possiblement en vigueur dès 2024 et donc le référentiel officiel n'est pas finalisé". Des informations supplémentaires (données sur des techniques de finition et de fabrication du fil, données sur la consommation d’eau et d’énergie, etc) ont ainsi été récupérées pour 75% des produits.  

Pour bien choisir sa solution de traçabilité, Elise Desrues (DEFI) conseille enfin “d’écarter celles qui permettent de tout faire, de vérifier son expérience dans la filière mode (à la chaîne complexe), de voir si elle est capable d’aller jusqu’à la fibre et de prendre en compte tous types de produits”, et enfin “de choisir une solution assez flexible pour intégrer de nouvelles données, les évolutions réglementaires et les standards quand ils existeront”. 

Pilote traçabilité

Elise Desrue, DEFI  - Adeline Dargent, FFPAPF

Pour sa part, Adeline Dargent, la responsable RSE de la Fédération française du prêt-à-porter féminin (FFPAPF), partie prenante de ce pilote traçabilité, a surtout retenu “le manque de maturité des solutions comme des entreprises”, ces dernières n’ayant pas forcément “mesuré l’importance de dégager du temps hommes sur ces sujets” et “de structurer la collecte des données” pour “pouvoir remonter des informations plus précises, notamment en amont, et ce jusqu’à la fibre !” Mais dans un climat d’urgence, lié à la loi AGEC, elle note aussi que “cette maturité évolue très vite”... De quoi être au rendez-vous ?

Retrouvez le replay du webinaire ici.

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