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Le lin et le chanvre européens : deux fibres à l’avenir prometteur

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Fibre premium, cultivée et de plus en plus filée et tissée en Europe pour les marchés haut de gamme, le lin répond aux nouvelles attentes dans le secteur textile. Si le redéploiement de sa filière est plus récente sur le vieux continent, le chanvre s’avère aussi prometteur.

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L’Alliance du Lin et du Chanvre européens met la barre haute. Son ambition “est de contribuer positivement à la transition environnementale et de faire du lin et du chanvre européens les fibres premium durables préférées à travers le monde” explique Chantal Malingrey, directrice marketing et communication.

Rappelons que trois quarts de la production mondiale de fibres de lin sont réalisés en Belgique, aux Pays Bas mais surtout, en France. En 2023, sur les 150 000 hectares de lin cultivés en Europe, 87% l’ont été dans l’Hexagone ! 

L’Ex-CELC (Confédération Européenne du Lin et du Chanvre), rebaptisée Alliance du Lin et du Chanvre européens en 2022, se revendique la “seule organisation agro-industrielle à rassembler tous les acteurs de la chaîne de valeur du lin et chanvre, des producteurs (agriculteurs, teilleurs) aux commerçants négociants en passant par les filateurs et tisseurs”. Soit 10.000 entreprises dans 16 pays. L’organisme explique aussi “dialoguer avec les marques et les accompagner pour qu’elles s’emparent du lin européen” et se dit “garante de toutes les données techniques, scientifiques et environnementales” sur ces deux fibres.

Forte d’une démarche à la fois marketing et scientifique, l’Alliance du Lin et du Chanvre européens poursuit ainsi l’objectif “de séduire et convaincre par la preuve”.

 

Deux certifications qui ont le vent en poupe

teillage lin mode
Crédit photos :©Alliance Flax Linen Hemp

S’attachant à défendre “un écosystème et ses savoir-faire”, l’Alliance a déployé ces dernières années deux certifications pour le lin, “une clé importante pour se faire référencer par les marques”.

European Flax™, née en 2013, certifie la traçabilité d’une fibre de lin premium cultivée en Europe de l’Ouest (soit, dans une bande côtière allant de Caen à Amsterdam) pour tous ses débouchés. 

La seconde certification linière, Masters of Linen™, lancée en 1993, garantit pour sa part la traçabilité d’un lin transformé par des entreprises européennes sur des sites européens et Euromed 1. Un textile d’excellence, local à toutes les étapes : de la fibre végétale European Flax™, au tissu en passant par le fil.

Soulignons l’existence de deux méthodes de filatures spécifiques au lin :  “au mouillé” et “au sec”. La première, impliquant généralement des fibres longues, permet d’obtenir des fils fins, idéaux pour la mode et le linge de maison.

La méthode “au sec”, qui se fait à partir de fibres courtes, ne nécessite pas ou très peu d’eau. Ses fils plus épais sont utilisés principalement pour l’ameublement.

Enfin, il est possible de travailler le lin en mélanges dans des filatures lainières et cotonnières (par exemple pour le denim).

Preuve de l’intérêt actuel pour le lin, ses deux certifications déployées par l’Alliance ont le vent en poupe. Entre janvier 2020 et décembre 2023, le nombre des certifications d’European Flax™ a explosé (+1000%) à plus de 1100 entreprises certifiées dans 35 pays à tous les niveaux de transformation, celles de Masters of Linen™ croissant de +39% à 38 entreprises (filateurs, tisseurs, tricoteurs). 

Chantal Malingrey y voit trois raisons : une impulsion RSE, répondant à une urgence climatique, une attente sociétale et la prochaine entrée en vigueur de nouvelles réglementations dont l’éco-conception.

 

De multiples avantages

lin arrachage
Crédit photos :©Alliance Flax Linen Hemp

“Les propriétés et les atouts du lin résonnent aujourd’hui avec les aspirations environnementales des consommateurs, marques et distributeurs, souligne-t-elle. Parallèlement, les marques affirment des stratégies de développement durable et revoient leur sourcing en faveur de matières à bas impact”.

Outre son origine locale et sa traçabilité certifiée, le lin européen a ainsi un profil environnemental enviable, né de pratiques agricoles vertueuses : une culture en rotation, qui contribue à une qualité de sol optimale, sobre en intrants, sans OGM ni irrigation (sauf circonstances exceptionnelles). L’extraction de la fibre est également 100% mécanique et zéro déchet.

Le lin ne manque pas non plus d’atouts côté utilisation :  confort et régulation thermique, versatilité de ses applications.

“L’Alliance s’attache à démontrer les propriétés fonctionnelles du lin européen, études scientifiques à l’appui. A commencer par les performances de confort, testées par le laboratoire Cetelor selon un protocole précis appliqué à des fibres portées à même la peau (lin, coton, viscose, polyester)” explique Marie Demaegdt, directrice Textile & RSE de l’Alliance. 

Banco : le lin a décroché deux médailles d’or, la première en termes de ventilation (flux d’air passant par le tissu) et respirabilité (flux de vapeur d’eau passant par le tissu), se démarquant par sa capacité à rafraîchir par exemple lors de la pratique sportive modérée, et la seconde en matière d’absorption et régulation d’humidité. 

En termes de capacité à retenir la chaleur, le lin a eu un résultat intermédiaire, “gage d’une chaleur douce sans excès”. Une qualité qui, associée à sa respirabilité, se traduit par une bonne thermorégulation.

Pour tester officiellement sa durabilité, observée de manière empirique, par exemple par la transmission de génération en génération des trousseaux en lin, l’Alliance s’est par ailleurs inscrite dans le projet en cours DURHABI. Porté par l’IFTH (Institut Français du Textile et de l’Habillement), celui-ci vise à normaliser l’évaluation de la durabilité physique des produits textiles.

“Ce projet sur la durabilité est un bon exemple de l’approche de co-construction qui anime l’Alliance tout comme les travaux collaboratifs sur l’empreinte environnementale au niveau européen et avec les bases de données d’impact ” souligne Marie Demaegdt.

 

Des fibres inspirantes

lin chanvre textile mode habillement
Crédit photos :©Alliance Flax Linen Hemp

La directrice RSE & Textile de l’Alliance fait aussi valoir la grande versatilité du lin.  Dans la mode, “on l’imagine souvent basique, limité à la chemise ou robe d’été, avec des coloris neutres et une tendance à se froisser. Mais le lin européen peut être en réalité beaucoup plus que cela, avec des développements créatifs et innovants, en chaîne et trame (tailoring, vêtements à la fois urbains et confort, etc) comme en maille (tee shirts, polos, sweats, etc). On peut le travailler de différentes façons pour l’associer à une élégance naturelle”.

Le manque de souplesse du lin peut aussi être amélioré par le travail de torsion du fil ou via des lavages. Depuis son apparition, il y a une quinzaine d’années, le lin lavé rencontre ainsi un franc succès “dans la Maison et dans le prêt-à-porter grâce à son côté joliment froissé et l’avantage de ne pas devoir être repassé”.

Les irrégularités et aspérités naturelles du lin lui donnent aussi un “cachet qu’on n’a pas avec le synthétique”. Mais cela demande un “savoir-faire particulier aux filateurs pour révéler ce qui est souhaitable, en le distinguant de ce qui constitue un défaut”.

Marie Demaegdt en est persuadée. Fibre “inspirante”, le lin a “un avenir prometteur”. “Selon une étude, il devient progressivement une matière de plus en plus appréciée, notamment au sein du marché premium, ou le lin représente jusqu’à 10% de l’offre chez certaines marques et jusqu’à 5% pour des Maisons de luxe ”. 

Aujourd’hui, les débouchés du lin se retrouvent à 60% dans la Mode, 30%, dans la Décoration-Art de vivre mais aussi à 10% dans des usages techniques (Bâtiment, Automobile, Aéronautique, Sports et loisirs, Horticulture…).

De son côté, le chanvre, de tous temps associé à des usages techniques (comme la corderie), monte aussi en puissance dans de multiples domaines (isolation, matériaux biosourcés, etc). En 2022, 55 000 hectares de chanvre ont été cultivés en Europe, dont 21 700 en France.

De nouveaux débouchés textiles se profilent, même si l’offre européenne est, pour l’instant, encore très limitée sur ce marché dominé par la Chine. Pour répondre à ces enjeux, l’Alliance intègre désormais dans son périmètre la structuration d’une filière chanvre fibre textile.

Aujourd’hui l’Europe maîtrise ainsi le savoir-faire du chanvre cotonnisé, une fibre raccourcie et affinée destinée à être filée en mélange coton, qui intéresse particulièrement les acteurs du denim.

La production de chanvre fibre longue reste un défi, dans un contexte de réinvention de la filière et en complémentarité avec le lin. Une reconstruction à laquelle l’Union Européenne apporte son soutien actif comme le montre le projet Hemp4circularity (circularité du chanvre), initié en 2023 et associant différents acteurs, dont l’Alliance du Lin et du Chanvre européens qui y représente ses membres, aux côtés de 11 autres partenaires.

Le lin et le chanvre n’ont pas fini de nous surprendre !

 

Pour en savoir plus : https://allianceflaxlinenhemp.eu/fr

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