Textile du Maine : la haute exigence du savoir-faire floutier
Textile du Maine incarne depuis 1984 le prestige du savoir-faire français. Fondé par Sylvie Chailloux et aujourd’hui dirigé par son fils Nicolas Tréhard, cet atelier basé dans les Pays de la Loire s’est spécialisé dans le prêt-à-porter féminin haut de gamme et luxe, avec une grande maîtrise de matières allant de la mousseline au jersey, en passant par le cuir, pour réaliser des pièces uniques en flou et grand flou.
Cette expertise, associée à une recherche constante de qualité et de développement, fait de l’entreprise une référence incontournable pour les Maisons de luxe dans l’élaboration et la confection de pièces complexes. Fidèle au « Made in France », l’atelier se distingue par son savoir-faire dans la manipulation précise de matières délicates, répondant ainsi aux attentes les plus exigeantes de ses clients prestigieux.
Une histoire familiale de passion et d’ouvrage au service du luxe
Sylvie Chailloux, fondatrice de Textile du Maine, raconte : “Je travaillais dans la comptabilité avant de me piquer à la fabrication textile. Créer une collection, la fabriquer et la vendre m’enthousiasmait”. À 25 ans, elle décide alors de lancer son propre atelier. Sa première commande définit son activité, ce sera du jersey. Une expérience qui sculpte l’ADN de l’entreprise : l’exigence de qualité. Les débuts sont tumultueux avec des années 1990 marquées par les pressions de la fast fashion, la délocalisation et des crises qui ont parfois mis l’atelier à rude épreuve. “Quand on monte une entreprise, il faut une petite dose d’inconscience”, raconte-t-elle avec humour. Pourtant, Sylvie Chailloux prend des décisions stratégiques fortes telles que recentrer l’activité sur le luxe et le fabriqué en France.
En 2008, Nicolas Tréhard rejoint l’entreprise familiale. Fort de compétences en informatique, logistique et gestion, il modernise l’atelier en développant un ERP maison, optimisant les processus de production. Ensemble, mère et fils traversent la crise économique de 2008 et amorcent une transition ambitieuse : “en cinq ans, nous sommes devenus 100 % luxe”, souligne le dirigeant, une évolution qui a redéfini la philosophie de l’entreprise. Grâce à une grande rigueur, l’atelier a gagné la confiance des Maisons les plus prestigieuses : “elles nous confient des pièces VIP complexes, un signe que nous avons franchi une étape”, témoigne Sylvie Chailloux. L’approche artisanale de Textile du Maine repose sur une proximité forte avec ses clients. “Si les clients viennent chez nous, c’est parce qu’ils attendent notre façon d’interpréter le dessin”, explique Sylvie Chailloux, “nous sommes leurs yeux dans l’atelier, en permanence connectés à leurs attentes”.
Avec ses 50 salariés, l’entreprise cultive une taille humaine, un choix délibéré qui favorise la qualité des relations et une attention minutieuse aux détails. Les équipes, particulièrement polyvalentes, bénéficient d’un programme de montée en compétences constant, où la passion et le goût du challenge sont des qualités essentielles requises pour intégrer l’atelier car “chez nous, il n’y a rien de facile : on recrute des personnes prêtes à relever des défis”, ajoute-t-elle. “En 40 ans, j’ai tenté plusieurs fois de diversifier l’activité, mais chaque fois que je m’éloignais du produit, cela ne fonctionnait pas. Cependant, toutes les compétences acquises au fur et à mesure des demandes de nos clients et de nos différents positionnements font qu’aujourd’hui nous sommes capables de réaliser des produits assez complets faisant appel à plusieurs savoir-faire, c’est notre force”, exprime fièrement la fondatrice.
Un savoir-faire d’exception et une technicité valorisée
Chez Textile du Maine, l’expertise dépasse le rôle de façonnier puisqu’“au-delà de la production en petite et moyenne séries, nous avons un bureau d’études très développé et aux possibilités exponentielles”, souligne Nicolas Tréhard. Ce département, dirigé par son épouse, constitue un pilier stratégique de l’entreprise. Grâce à des outils tels que la modélisation 3D, les équipes peuvent simuler les volumes, optimiser les points de compression sur les pièces stretch, et réduire la consommation de matières lors des phases de prototypage, tout en répondant aux attentes pointues des clients du luxe.
Des outils numériques, comme la découpe assistée par rétroprojection, permettent une précision extrême. Le parc important de plus de 200 machines spécialisées témoigne également de cette technicité. “Quand nos équipes ont une idée, nous travaillons ensemble pour l’optimiser avec la machine et en exploiter tout le potentiel”, explique Nicolas. L’expertise de l’atelier se distingue par exemple dans le travail du jersey coupé-cousu, une matière exigeante. Grâce à une maîtrise complète de la stabilisation via une décatisseuse à vapeur, Textile du Maine prépare soigneusement les tissus pour éviter toute variation lors des étapes de production. Ce niveau de précision garantit des résultats irréprochables, répondant aux standards élevés des Maisons de luxe.
La transmission des savoirs est également un enjeu central. Textile du Maine mise sur un modèle de tutorat interne pour former ses talents et collabore avec l’AICP pour la formation de ses modélistes. “Les collaborateurs les plus avancés en production occupent des postes de transmission”, explique le dirigeant. L’atelier peut compter sur des figures emblématiques, comme une experte en point main aujourd’hui à la retraite, qui “peut revenir régulièrement pour accompagner et former les nouvelles recrues”. Cette démarche illustre l’importance de préserver et de pérenniser des compétences précieuses. Nicolas Tréhard précise : “Pour devenir prototypiste, il faut entre cinq et sept ans de formation en production, suivis d’une période en binôme avec un expert en bureau d’étude. Ce passage par la production est un prérequis incontournable”.
Un modèle engagé tourné vers l’avenir
Textile du Maine intègre les principes du Lean Management pour optimiser ses processus et renforcer la cohésion des équipes. “Nous avons des indicateurs partagés qui améliorent la transmission des informations et les performances”, explique Sylvie Chailloux. La méthode 5S fluidifie la circulation des produits. Le développement d’une fonctionnalité de traçabilité du rouleau de tissu jusqu’au produit fini, via l’ERP/MES développé avec AriMode grâce à des QR codes, illustre les dernières innovations engagées.
L’engagement de l’entreprise se traduit également par des investissements pour le bien-être des salariés. En 2021, une attention particulière a été portée sur l’éclairage dans les ateliers (LEDS et assujettissement à la lumière du jour) pour améliorer les conditions de travail ainsi que des outillages pour limiter les risques musculosquelettiques. “Nous avons toujours beaucoup investi : j’estime que notre richesse est là-dedans”, souligne Sylvie Chailloux.
Cette philosophie se retrouve également dans l’approche RSE de l’atelier. Textile du Maine est labellisé « Entreprise du Patrimoine Vivant » (EPV) et fait partie des pionniers du label « Les Ateliers Engagés », développé avec le Groupement de la Fabrication Française (GFF). “L’objectif de cette initiative, aujourd’hui devenue un label, était d’identifier nos forces et nos faiblesses dans le domaine de l’écoresponsabilité pour nous améliorer et répondre aux attentes des Maisons”, précise Sylvie Chailloux. Un label proche des prérequis GOTS pour lequel l’atelier est également certifié.
Textile du Maine s’affirme ainsi comme un ambassadeur du luxe français, alliant savoir-faire artisanal, innovation technique et engagement éthique. “Nous ne sommes plus un simple atelier de production : nous vendons un savoir-faire français unique, un gage de qualité pour les Maisons qui nous font confiance”, conclut Nicolas Tréhard.
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