Aller au contenu principal
Publié le
20/02/2023

Rencontre avec le créateur Steven Passaro

Visuel
Image
Steven Passaro
Accroche

Soucieux de l’environnement, Steven Passaro, fondateur et directeur artistique de la marque éponyme repense avec sensibilité le vestiaire masculin et développe l’intégralité de ses créations en prototypage 3D. Cette technique lui permet de créer un seul prototype avant de passer à la réalisation du vêtement final.

Contenu

Nous sommes allés à sa rencontre dans son atelier parisien pour découvrir son univers.

Peux-tu nous parler de ton parcours et du concept de ta marque ?

J’ai fait mes études au London College of Fashion où j’ai obtenu mon diplôme en 2019. Londres a été le point de départ de toute cette aventure, c’est là que j’ai créé mon univers. J’ai commencé à me faire connaître, puis le Brexit est arrivé avec un climat de tension, alors j’ai décidé de rentrer à Paris. 

J’ai préparé une première collection post-étude que j’ai présenté en septembre 2020 à la presse et très vite j’ai eu un peu de visibilité. J’ai rencontré le DEFI, la Fédération de la Haute Couture et de la Mode qui me soutiennent, pour arriver aujourd’hui à la 6ème collection post-étude !

Concernant le concept de ma marque, l’idée est d’évoquer les émotions et la délicatesse au travers de mon vestiaire masculin. C’est important pour moi de retranscrire dans mes créations mon hypersensibilité que l’on retrouve dans le choix des tissus et la coupe de mes pièces. 

La nouvelle collection Water Boys joue avec l’idée de l’eau et questionne le reflet et la profondeur de soi avec des jeux de transparence, de superposition et toujours des jeux de plis. En transversal, il y a bien sûr cet amour pour le savoir-faire et la construction du vêtement.

Image
© Steven Passaro

Tu crées tes modèles en 3D avant de lancer les prototypes, peux-tu nous dire pourquoi tu as fait le choix de la virtualisation et quels sont ses avantages ?

J’ai eu une prise de conscience des questions environnementales et éthiques de la mode quand j’étais à Londres. Pour moi, la question c’était comment repenser la chaîne de production pour être plus respectueux de la planète ?

Comme j’avais découvert Clo 3D en cours, j’ai voulu approfondir mes recherches sur le sujet et comprendre comment optimiser la phase de développement de patronage en termes de temps mais surtout en termes d’utilisation matières. C’est ce qui m’a amené à utiliser la 3D pour mes propres collections. Concrètement aujourd’hui, je dessine toujours à la main ou sur Ipad. Une fois que nous avons nos plans de collections dessinés, nous patronnons sur Clo 3D, ensuite nous imprimons et montons les toiles. Il y a une seule phase de corrections sur la toile et sur Clo 3D pour finir le modèle. 

Les avantages de la 3D, c’est que c’est plus écologique car on économise du tissu et en termes de réactivité on a divisé le temps par 3. Un prototype de veste tailleur confectionné à la main prend environ 2-3 jours alors que sur Clo 3D il est réalisé en une journée. 

C’est aussi plus économique, le logiciel étant abordable. Quand davantage de façonniers utiliseront la 3D, ce sera plus simple pour nous car ils pourront voir directement comment le modèle est monté.

Tu fais fabriquer une grande partie de ta collection en France. Peux-tu nous expliquer pourquoi avoir choisi la fabrication française et quelle est ta relation avec les façonniers français ? 

Aujourd’hui nous travaillons avec un peu moins d’une dizaine de fabricants, principalement en France avec une vraie volonté de faire du local. Pour nous c’est très important en termes d’impact environnemental d’avoir une proximité avec les ateliers. 

Le Made in France est aussi important en termes d’image : pour une marque de luxe, cela fait partie de l’éthique.

En règle générale, nous avons une très bonne communication avec les fabricants. La plupart d’entre eux comprennent très bien nos contraintes de quantités et de prix, aiment le produit et veulent nous faire confiance. Nous arrivons à collaborer ensemble durant plusieurs saisons. Nous travaillons beaucoup la veste tailleur et malheureusement c’est un savoir-faire que l’on ne trouve plus beaucoup en France. C’est une triste réalité. Pour tout le reste, comme la jeannerie ou la chemiserie il y a de très bons ateliers en France, bien qu’ils soient souvent complets.

Image
© Steven Passaro

Quels conseils donnerais-tu aux marques et jeunes créateurs qui souhaitent se lancer dans le Made France ? 

En premier, je dirais qu’il faut rencontrer les fabricants et aller visiter les ateliers pour mieux les connaître. Cela permet de voir les produits qu’ils ont déjà confectionnés, de bien appréhender leurs savoir-faire et de découvrir avec qui ils travaillent.

En deuxième, avoir son cahier des charges prêt avec les prix, les délais et signer un contrat si possible.

Enfin pour les premières collections, bien gérer son budget et sa trésorerie parce qu’il va se passer un petit moment avant de commencer à vendre. 

Comment la Maison du Savoir-Faire et de la Création a-t-elle pu t’aider dans tes recherches ? 

Quand je suis arrivé à Paris, j’ai rencontré le DEFI et les fédérations. C’est le DEFI qui m’a fait connaître la plateforme. J’ai alors contacté la Maison du Savoir-Faire et de la Création qui m’a conseillé des fabricants et je me suis également servi de la plateforme, ce qui m’a beaucoup aidé dans mes recherches.

Image
© Steven Passaro

Pour découvrir l’univers et les créations de Steven Passaro : https://www.stevenpassaro.com/

Retour au magazine