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Charles de Vilmorin : le créateur haut en couleurs

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Dès ses débuts, Charles de Vilmorin impose une vision unique et multidimensionnelle de la mode. A seulement 23 ans, il lance sa marque et est remarqué par ses créations peintes à la main, aux volumes théâtraux et aux couleurs éclatantes. Inspiré par l’univers de Tim Burton et les arts du spectacle, il développe un style où la mode dialogue avec le dessin, la musique et la scène. Rapidement, son approche singulière séduit passionnés et grandes Maisons, imposant sa présence sur la scène parisienne.

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Finaliste de l’ANDAM, invité à défiler à la semaine de la Haute Couture, son talent lui ouvre les portes de collaborations variées, allant des Galeries Lafayette à 24S (Maison du Groupe LVMH), en passant par la direction artistique de Rochas. Au-delà de la mode, il revendique une approche pluridisciplinaire, mêlant dessins, costumes et installations immersives. Cinq ans après le lancement de sa marque, il continue d’explorer ces multiples facettes avec une liberté toujours plus assumée.

 

Un style instinctif et théâtral

Refusant de se conformer aux carcans académiques, il réinvente son propre apprentissage au sein de la Chambre Syndicale de la Couture, puis de l’Institut Français de la Mode : « je me suis un peu réapproprié le processus d’apprentissage de la Chambre, les professeurs me laissaient beaucoup de liberté dans ma création », explique-t-il. Dès la fin de ses études, le hasard met sur son chemin un collectionneur qui acquiert une grande partie de sa collection de fin d’études, composée de bombers psychédéliques, lui permettant ainsi de financer sa première collection. « J’ai fait faire la collection et les photos juste avant le confinement, donc pendant j’étais frustré mais je voulais la collection correctement », se souvient-il. Dans l’attente, il crée des masques à partir de ses imprimés, une initiative qui rencontre un succès inattendu servant finalement d’entrée auprès d’un public qui lui offre une grande réussite en sortie de confinement et de lancement de sa collection.

L’âme de sa marque ? Le créateur affirme une esthétique à la fois exubérante et contrastée, oscillant entre explosion de couleurs et silhouettes d’un noir profond : « J’adore la contradiction, j’aime autant travailler des éléments colorés que des silhouettes entièrement noires, il y a un côté “personnage” que j’adore », explique-t-il. Ses créations de flou et grand flou, dramatiques et riches, sont pensées pour celles et ceux “qui n’ont pas peur de se faire remarquer”. Cette approche instinctive lui permet d’explorer librement son langage créatif et de donner naissance à des pièces à mi-chemin entre l’art et la mode, voilant toujours davantage leurs frontières.

 

Une identité forte au fil des collaborations

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« J’ai toujours su que je voulais être créateur et c’est un rêve que j’ai eu la chance de réaliser assez rapidement », confie le créateur. En effet, le parcours de Charles de Vilmorin est marqué par une ascension fulgurante. Finaliste du prestigieux prix de l’ANDAM en 2021, il est, à peine un an après le lancement de sa marque, invité par Jean-Paul Gaultier à présenter sa première collection Haute Couture, une consécration qui vient confirmer son statut de créateur à suivre. « C’était un moment vraiment fou, en un an il y a eu beaucoup de choses », raconte-t-il, encore impressionné par la rapidité des événements. Nommé ensuite à la direction artistique de Rochas, il découvre alors une autre facette du métier, celle de la gestion d’une Maison historique, avec ses contraintes et ses exigences.

Ce passage chez Rochas lui permet de renforcer sa propre vision en revenant à sa marque personnelle tout en développant davantage sa capacité à créer pour d’autres, raconter d’autres histoires. Depuis, il multiplie les collaborations : “J’ai la chance d’avoir un univers basé sur mes dessins et qui permet d’être retranscrits sur plein de médium, par exemple l'année dernière avec Moët & Chandon j’ai redécoré tout un resto (...) avec les Galeries Lafayette il y avait un côté théâtral que j’ai vraiment adoré », confie-t-il à propos de son travail sur les vitrines à l’échelle internationale, révélant ainsi son amour pour les univers immersifs et vivants. Son lien avec la musique et la scène est aussi essentiel : il imagine des costumes et collabore avec des artistes et musiciens, trouvant dans la musique un écho à sa propre sensibilité créative.

 

Un dialogue essentiel entre créateur et artisan

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Conscient depuis toujours de l’importance du savoir-faire artisanal, il met un point d’honneur à collaborer étroitement avec des façonniers et des artisans d’exception. « J’ai toujours aimé le côté crafty, je vais être beaucoup plus sensible quand je sens la “main” que le côté parfait. D’autres le font déjà très bien, je veux quelque chose de plus organique pour mes pièces », affirme-t-il. Son engagement auprès des artisans est fondamental dans sa démarche, chaque collection étant une occasion de repousser les limites des savoir-faire : « On les (artisans et façonniers) pousse dans leurs retranchements avec nos idées et ils adorent ! (...) ils nous apportent également beaucoup », souligne-t-il, insistant sur le rôle créatif du dialogue entre designer et artisan. « Dans le mot artisan il y a artiste, et c’est cette touche de folie mêlée à la technique qui rend leur travail si fascinant ! », dit-il, « notamment, nous avons trouvé sur la plateforme (de la Maison du Savoir-Faire et de la Création) les artisans talentueux qui ont su retranscrire mes motifs en 3D avec différents savoir-faire ».

Aujourd’hui, Charles de Vilmorin avance avec une approche plus réfléchie. Lorsqu’il évoque la mode responsable, il exprime que : « quand j’en parle avec mon entourage, d’autres jeunes designers, il n’y a pas d’autre choix que d’être responsable. On ne fait jamais de surproduction, on produit exactement ce qu’on vend, on prend beaucoup dans les dead stocks. Pour les jeunes créateurs, je pense que c’est une évidence plus qu’une réflexion ».

Fort de ces expériences, Charles de Vilmorin reste fidèle à son instinct, oscillant entre artisanat d’exception et approche contemporaine. À l’aube du défilé anniversaire de sa marque, il confie : « J’ai envie de faire un beau défilé très sincère qui va s’inspirer un peu de ce que j’ai fait jusque-là. Personnel et fidèle à l’image de la marque, tout en poussant toujours plus loin ». Entre défis personnels et expérimentations artistiques, il continue de tracer son propre chemin, prouvant que la mode, avant tout, est un espace de liberté et de réinvention permanente.

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